Accueil » La Déesse blanche

La Déesse blanche

La référence à La Déesse blanche scande un nouveau développement de la jouissance. En effet, dans la « Préface à L’Éveil du printemps », Lacan se demande si « le Père […] n’est que Nom entre autres de la Déesse blanche, celle à son dire qui se perd dans la nuit des temps, à en être la Différente, l’Autre à jamais dans sa jouissance[1] ».

Pour en saisir la nouveauté, un retour au Séminaire xx s’impose. Lacan y définit une nouvelle jouissance dite supplémentaire et ne concernant que les sujets se rangeant du côté femme de la sexuation. Cette autre jouissance, désignée par le mathème S(Ⱥ), se situe au-delà du fantasme. Elle est infinie, sans limite et impossible à nommer. Une femme ne peut donc s’y reconnaître. C’est pourquoi, elle s’éprouve DifférenteAutre à elle-même. Dès lors, chaque femme est une exception. S’en déduit que « La femme n’existe pas ».

Dans la « Préface… », Lacan généralise cette jouissance féminine à chaque être parlant. Au-delà du fantasme, hommes et femmes ont affaire à cette jouissance hors sens, celle du sinthome, jouissance qui reste une fois étanchée la soif d’universel supportée par la joui-sens phallique. Cette avancée renverse la perspective sur le Nom-du-Père ancré dans la joui-sens phallique, qui n’apparaît dès lors que comme le cas particulier d’un infini dénombrable à énumérer avec chaque cas singulier. 


[1]. Lacan J., « Préface à L’Éveil du printemps », Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, p. 563.