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Fantasme au féminin

Face à l’idée de la bisexualité du fantasme proposée par Freud, Lacan oppose le contraire. Il introduit dans le fantasme l’objet a, désarticulé de la question de la structure et du sexe. L’objet a, en tant qu’objet asexué, met en évidence le côté « nullisexualité [1] » du fantasme. En conséquence, le fantasme n’est plus déterminé par la question du sexe. 

La sexualité reste donc attachée à la jouissance : celle de la fonction phallique, et celle qui se situe audelà du phallus, la jouissance féminine. Certes, Lacan introduit la jouissance féminine par la voie des femmes, mais seulement pour souligner encore une fois son détachement de la binarité sexuelle. Il ne s’agit pas de la jouissance de l’homme ou de la femme, mais plutôt de différents modes de jouir au masculin et au féminin. La jouissance au féminin n’est donc pas à confondre avec celle de La femme. Elle se présente sous une forme autre que celle qui est de l’ordre de la loi et du phallus. Celle qui se présente sur un mode supplémentaire, ou bien encore celle qui n’est « pas-toute LOM [2] ».

Comment donc penser le fantasme au féminin quand la référence est valide pour les deux sexes ? 


[1]. Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Du symptôme au fantasme et retour », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de Paris 8, cours du 24 novembre 1982, inédit.

[2]. Brousse M.-H., Mode de jouir au féminin, Paris, Navarin, 2021, p. 33.

Fantasy in the Feminine

In contrast to the idea of the bisexuality of fantasy advanced by Freud, Lacan proposes the opposite. He introduces the object a into fantasy, disarticulated from the question of structure and sex. The object a, as the asexual object, underlines the “nulli-sexuality”[1] side of the fantasy. As a consequence, fantasy is no longer determined by the question of sex.

Sexuality thus remains attached to jouissance: that of the phallic function, and that which is situated beyond the phallus, or feminine jouissance. Certainly, Lacan introduces feminine jouissance by way of women, but only in order to emphasize once again his detachment from sexual binarism. It is not a question of man or of woman’s jouissance, but rather of different modes – masculine or feminine – of jouissance. Feminine jouissance is therefore not to be confused with that of Woman. It is presented in a form other than that of the order of law and the phallus. It presents itself in a supplementary mode, or as even the one that is “not-all-LOM.”[2]

How then can we think of the fantasy in terms of feminine when the reference is valid for both sexes?


[1] Miller, J.-A., “L’orientation lacanienne. Du symptôme au fantasme et retour,” annual course delivered within the framework of the Department of Psychoanalysis, Université Paris 8, lesson of 24 November 1982, unpublished.

[2] Brousse, M.-H., The Feminine, A Mode of Jouissance, tr. J. Haney, Lacanian Press, New York, 2022, p. 19.